TULSI-DAS

TULSI-DAS
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Tuls 稜-D s est le plus célèbre poète de l’Inde, celui dont le prestige et l’influence se sont fait le plus profondément sentir dans toute l’Inde septentrionale et centrale, surtout grâce à son grand œuvre le R macaritam nasa («Lac sacré des actes de R ma»), plus connu sous le nom de «R m ya ユ» hindi. Il appartient, comme son contemporain S r-D s, à l’âge d’or de la littérature hindie. Son œuvre, abondante, est composée dans les deux principaux dialectes littéraires hindi, le braj (langue krishnaïte par excellence) et l’avadh 稜 , dialecte plus oriental employé avant lui par les premiers poètes ル f 稜 de l’Inde. Quoique archaïques par rapport à l’hindust n 稜 , ou hindi , actuellement employé comme lingua franca , ces langues littéraires, qui sont surtout des langues religieuses, sont largement comprises par les masses indiennes.

Une vie d’ascète

Né au milieu du XVIe siècle, dans la partie orientale de la plaine gangétique, et mort en 1623, Tuls 稜-D s vécut sous le règne du grand empereur moghol, Akbar, et de ses successeurs immédiats.

On sait peu de chose de sa vie, si ce n’est qu’il naquit de parents brahmanes, mais fut abandonné très jeune et recueilli par des «saints hommes» qui étaient probablement des ascètes vichnouites dits bair g 稜s . Il semble qu’il ait lui-même très tôt embrassé la vie ascétique. Il avait certainement acquis une culture traditionnelle assez importante; il savait le sanskrit et était familier du R m ya ユa de V lm 稜ki et aussi de la littérature puranique, en particulier du célèbre Bh gavata-Pur ユa , monument littéraire du vichnouisme médiéval. On sait d’ailleurs que Tuls 稜-D s passa ses années de jeunesse à K ご 稜 (Bénarès), forteresse de la culture sanskrite et du brahmanisme orthodoxe. Plus tard, il s’établit à Ayodhy , l’ancienne cité qui fut la patrie même de R ma; c’est là qu’il entreprit la composition du R macaritam nasa , en 1574. Il ne termina son grand œuvre que beaucoup plus tard, à K ご 稜, où il mourut.

À la dévotion de R size=5ma et de K size=5リルユa

Tuls 稜-D s a laissé une douzaine d’œuvres tenues pour authentiques, quoique de chronologie incertaine. Parmi ses œuvres de jeunesse, il faut sans doute compter le J nak 稜-mangal et le P rvat 稜-mangal , décrivant l’un le mariage de R ma et de S 稜t , l’autre celui du grand dieu えiva avec la Fille-des-Monts, P rvat 稜. Plusieurs collections de padas , ou courts poèmes en langue braj, semblent au contraire appartenir à la dernière partie de sa vie: la G 稜t val 稜 (ou Pad val 稜 R m ya ユa ), la K リルユa-Git val 稜 et la Vinaya-Patrik , auxquelles on peut ajouter le Hanum n-B huka .

La tradition veut que Tuls 稜-D s se soit très tôt adonné, sur l’incitation de son guru (dont il ne donne pas le nom), à l’invocation prolongé et fervente du nom sacré de « R m » et qu’il ait aussi conçu une dévotion particulière à R macandra, le héros de la vieille légende, déjà considéré comme un avat ra du dieu Vi ルユu. Au culte de R ma est toujours associé celui de sa fidèle épouse S 稜t , parfois représentée comme la manifestation de la ごakti («énergie») du Brahman suprême manifesté en R ma. En fait, la dévotion vichnouite de Tuls 稜-D s n’est pas sectaire: il a célébré tour à tour えiva et P rvat 稜; le singe divin Hanum n; la rivière sacré, la Gang , à laquelle R ma lui-même rend hommage; le dieu Gane ごa, fils de えiva, qui préside au début de toute entreprise, et la déesse des arts et des lettres, Sarasvat 稜. Fidèle à la tradition brahmanique orthodoxe, Tuls 稜-D s fait au grand dieu えiva, Seigneur de l’univers, une place toute particulière – mais il le présente en même temps comme le plus illustre des dévots de R ma dont il ne cesse de répéter le nom sacré: la dévotion de えiva pour R ma est fortement soulignée. Quant au dieu Vi ルユu, dont R ma lui-même est censé être un avat ra , il joue un rôle assez effacé dans l’œuvre de Tuls 稜-D s, tout au moins en tant que divinité distincte de ses deux principales manifestations humaines, R ma et K リルユa.

Les références aux divers avat ras de Vi ルユu sont très nombreuses dans l’œuvre de Tuls 稜-D s, particulièrement dans la très belle collection de prières en langue braj qui porte le nom de Vinaya-Patrik («Lettre de pétition»). On y trouve d’assez fréquentes allusions à la geste krishnaïte. De plus, un petit ouvrage, la K リルユa-G 稜t val 稜 , est entièrement consacré au dieu-pasteur, K リルユa-Gop l. Mais, s’il est certain que Tuls 稜-D s, avec toute la tradition indienne, aime à s’attendrir sur les enfances de K リルユa-Gop l, l’érotisme qui imprègne une grande partie de sa légende ne l’a aucunement attiré. Tuls 稜-D s n’est pas réellement krishnaïte: c’est à la haute et pure figure de R macandra que vont son admiration et sa ferveur – et c’est lui qu’il a célébré dans le R macaritam nasa .

Le «R size=5m size=5ya size=5ユ»

Le R macaritam nasa en langue avadh 稜 est une œuvre imposante déjà par ses dimensions: plus de dix mille longs vers en stances composées chacune de quatre caup 稜s et un doh , forme narrative par excellence. De temps en temps, une strophe lyrique enjolive le récitatif, essentiellement destiné à être psalmodié. Quant à l’inspiration et à la perfection du style, le R m ya ユ est un chef-d’œuvre: on ne peut guère le comparer qu’au célèbre commentaire versifié de la Bhagavad-G 稜t en vieux mar レh 稜 , la Jñ ne ごvar 稜 du poète Jñ ne ごvar (fin XIIIe s.). Le R m ya ユ hindi jouit auprès des masses hindoues d’une immense popularité: mine inépuisable de proverbes, il est partout abondamment cité et pieusement commenté. D’innombrables éditions en sont vendues pour un prix très modeste (parfois avec une paraphrase en langue locale) sur les étals des foires, dans les ruelles des bazars, aux portes des temples. Beaucoup d’humbles foyers n’ont jamais possédé d’autre livre: c’est vraiment, comme on l’a appelé, la «Bible de l’Inde du Nord».

La tradition populaire qui ne connaît de Valm 稜k 稜 que son nom et sa légende, voit en Tuls 稜-D s un autre V lm 稜ki, ou même la réincarnation de ce dernier: comme le dit l’hagiographe N bh -d s dans la Bhakta-m l («Guirlande des dévots [vichnouites]»): «Pour le salut de tous les êtres, en ce pervers âge Kali, V lm 稜ki est devenu Tuls 稜...»

Partagé lui aussi en sept livres, ou kan ボペ , le R m ya ユ hindi suit, dans l’ensemble, la version valmikienne de l’antique légende – mais il est loin d’être une simple adaptation de la vieille épopée sanskrite. Il s’agit plutôt d’un long poème composé par un ardent dévot de R ma à la louange de son Dieu: c’est essentiellement une œuvre de bhakti , c’est-à-dire de foi et de dévotion. Non seulement la nature divine du héros, son identité avec le Brahman suprême qui est aussi Bhagav n (l’Adorable), est partout affirmée, mais la tendresse et la compassion de R ma pour tous les êtres, si misérables et pécheurs qu’ils soient, sont constamment mises en relief. Le poète entremêle son récit d’hymnes passionnées à la grandeur et à la bonté divines. Et ce ne sont pas seulement les dévots qui sont l’objet de la grâce divine: les méchants et les démons eux-mêmes n’y échappent pas. Ainsi les furieux assauts que se livrent R ma, assisté par ses légions de singes, et les formidables R k ルasas, qui ont pour chef R va ユa, sont décrits non sans complaisance: ce sont des torrents de sang qui coulent de part et d’autre, des cadavres qui s’amoncellent; néanmoins, tous ces cruels démons seront finalement sauvés; même le funeste R va ユa, que la sensualité et l’orgueil ont perdu, trouvera son salut dans le coup de grâce que lui portera son divin adversaire et mourra en criant le Nom qui sauve. Tous les êtres impurs et méchants ne sont-ils pas, finalement, les victimes du tout-puissant Destin? Et n’est-ce pas la gloire de R ma de les sauver tous? Seul Indra et toute la troupe des dieux semblent rester à l’écart de cette pluie de bénédictions: le pieux auteur du R m ya ユ apparemment n’éprouve que mépris pour ces divinités arrogantes, bornées, avides d’offrandes et bassement intéressées qui peuplent le ciel hindou. Ce sont les peuples de la terre, y compris les animaux et les plantes – sans oublier les démons – que R ma est venu sauver, et ce salut ne peut être autre chose que l’union de leur «âme» à l’Âme universelle.

Le R m ya ユ comporte des longueurs, principalement dans le dernier livre qui est presque entièrement didactique. Mais, dans l’ensemble, l’œuvre est remarquablement vivante et variée, d’une admirable fraîcheur. Le merveilleux y tient relativement peu de place, partout l’humain triomphe. Les personnages secondaires ou épisodiques sont remarquablement dessinés: tels le singe-dévot Hunum n ou le démon-dévot Vibh 稜 ルana; on voit aussi apparaître une foule de personnages anonymes, petites gens des villes et des campagnes, en particulier ces misérables habitants des forêts que sont les Kolas et les Kir レas – êtres frustes et impurs que R ma accueille avec tendresse et comble de bienfaits. Tuls 稜-D s est maître dans l’art du dialogue: ainsi la querelle tragi-comique du matamore Para ごu-R ma avec le bouillant Lak ルma ユa, le tragique affrontement de Kaikey 稜, la marâtre de R ma, arrachant à son royal époux l’exil de celui-ci, la tendre discussion de R ma avec son frère puîné Bharata dans la forêt sont des morceaux de choix. Mouvements de foules, scènes gracieuses, touchantes ou terribles se succèdent – souvent sans transition. Le style fluide, rythmé, est presque toujours d’une souplesse et d’une sonorité admirables, ce qui fait de la psalmodie du R m ya ユ un véritable régal pour l’oreille. Les passages les plus faibles sont sans doute ceux où Tuls 稜-D s, sacrifiant à la tradition de la poésie savante en sanskrit, lui emprunte images artificielles et tournures alambiquées. Il y a aussi des redites et un certain abus du pathétique. Mais ces défauts, sensibles surtout au lecteur occidental, ne sauraient pour autant ternir la gloire de Tuls 稜-D s, qui reste pour tout un peuple l’immortel auteur du R m ya ユ , cette «Bible» où chaque génération de l’Inde trouve inspiration éthique et religieuse, force, lumière et joie.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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